Top articles
-
Les justes
Un homme qui cultive son jardin, comme le voulait Voltaire. Celui qui est reconnaissant que sur la terre il y ait de la musique. Celui qui découvre avec plaisir une étymologie. Deux employés qui dans un café du Sud jouent un silencieux jeu d’échecs. Le...
-
Des pissenlits en pot
On a remplacé la lune par la télévision, les actes archaïques par une parabole. À défaut de voyance, je suis toujours celui qui cherche ses lunettes. J’invite le soleil au milieu de la nuit, l’eau cachée des pierres au centre du désert, une écriture de...
-
Tintin
C’est en lisant TINTIN LE VOYANT Le Crabe aux pinces d’or que j’ai eu l’intuition de l’alcoolisme de mon père Les Cigares du Pharaon que je deviendrais un jointeur de premier plan Vol 714 pour Sydney que nous n’étions pas le centre du monde Tintin au...
-
Parce que
Parce qu'il faut monter et descendre les petites marches de l'enfance Parce que la grande marmite a des ailes Parce que le nuage a le goût de courge amère quand il est frit Parce que " Je vois ce que je mange, et je mange ce que je vois " * Parce que...
-
Le cadavre de Dieu
Le soleil s’est brûlé parmi les édifices aux fenêtres aveugles. Je ne suis pas sensible aux courbes érectiles de la Bourse, aux codes barres, aux horaires. J’ai meublé ma tête avec un mobilier mental glané au dépotoir, poèmes anciens, latin d’église,...
-
Piéton couleur d'homme
Le charme, l'inspiration, le verbe, les femmes, les amis, un brillant itinéraire journalistique, il posséda tout. Et tout s'évanouit lentement dans les brumes dormantes du Marais. Sacoche en bandoulière, lunettes rafistolées, la mèche insurgée, le journal...
-
De miettes en miettes
La vie surprend parfois avec ses jambes de 16 ans au regard de vieillarde, sa longue tignasse rousse sur un crâne de pirate, son cœur de banquier sous un poncho de laine, ses larmes de cigare au fond d’un cendrier, ses bleus de travail qui sentent le...
-
Vous étiez mes aieux
vous étiez sûrement à rendre souffle sur le bord d’un lit vous appeliez vos vieux vos très vieux dont on ne retrouve plus les noms comment vous pleurer quand vous me traversez trois jours allongés dans la grande pièce des fleurs autour et vos pieds vers...
-
Le loup des mers
à Tristan Cabral cheval cabré chroniqueur des exodes grand fraternel pour ADM en souvenir de Jack London, Arthur Rimbaud et Nora Nord Aux profondeurs du bouge une triste humanité, sous la lanterne rouge graillonne et racle des pieds: les putains à gros...
-
Le bruit des lutins
Ils ont beau réchauffer l’atmosphère, le torchon brûle entre le bœuf et l’âne, entre le corps et l’âme. La chaleur de la crèche n’était qu’un feu de paille. Enrôlé contre son gré par le noir des soutanes, l’enfant né dans l’étable boite déjà du cœur....
-
Une écriture en dentelle
Quand j’écris, il m’arrive d’oublier que je vais mourir tant la vie est partout. Je peux sentir l’humus sous mes pieds, le vent dans la pinède, mettre la main dans l’eau, toucher les rugosités du sol, fouiller dans le fouillis, fouiner jusqu’à la glaise....
-
Parler de l'humanité
Parler de l'humanité, c'est parler de soi-même. Dans le procès que l'individu intente perpétuellement à l'humanité, il est lui-même incriminé et la seule chose qui puisse le mettre hors de cause est la mort. Il est significatif qu'il se trouve constamment...
-
Nous
Nous aurons des douches neuves remplies d’alluvions et d’odeurs atroces. Nos corps pleureront des gouttelettes de suie brune. Tu verras comme nous serons heureux. Tous les jours, nous encenserons nos quinze ans. Nos fauteuils de velours râpé atteindront...
-
Les jambes du monde
Lorsque l'argent se mêle à la vie, chaque heure devient une cage, chaque seconde un barreau. Où va ce pauvre monde, un pied dans le désastre et l'autre dans le rêve, une main dans le déni et l'autre dans la merde? Du désarroi à la révolte, où va l'autre...
-
Quelqu'un
Quelqu’un commence à parler dans une chambre et c’est bien tard sans doute, quelque chose a changé ou s’est perdu dans la tête de celui qui parle et ce qu’il dit ne ressemble que de très loin à son mal, c’est peut-être que la mémoire devient plus profonde...
-
Dans le noir
Vingt ans plus tard, sur une photographie jaunie, on lit la peur dans les yeux des fusillés. Sont-ils encore vivants dans la mémoire du monde? Quelque part, dans un tiroir déglingué, parmi quelques cailloux et des billes de verre, j'ai conservé l’œil...
-
Touillant les dictionnaires
Michel Madore À quoi bon regarder les flammes sans se brûler les yeux, faire du feu sans toucher la chaleur! À quoi bon s'aimer sans se croire éternels! À quoi bon les mots vides et les colères de paille! Touillant les dictionnaires, le jeu des caractères,...
-
Les justes
Un homme qui cultive son jardin, comme Voltaire le voulait. Celui qui apprécie qu'il y ait de la musique sur terre Celui qui découvre avec plaisir une étymologie. Deux employés qui jouent dans un café du Sud un échec silencieux. Le céramiste qui prémédite...
-
Nativités
Je ne sais de la force qui m'anime de quoi m'être le plus cueilli de son origine ou bien de sa puissance Il me parait sans en être certain que la première fait genèse à la seconde Les heures ne comptent plus sur moi qui ont lâché l'affaire de leur commerce...
-
Enivrez-vous
Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre...
-
De fil en aiguille
J’ai souvent entendu dire que le feu purifiait. Alors comme je me sentais déboussolé par tout ce qui advient autour de moi, j’ai décidé de me purifier. Que vais-je donc brûler? Pas un simple morceau de bois. Ce n’est pas assez symbolique. Tiens, pourquoi...
-
Dubitation
Dériver du droit fil de la pensée Un ange passe au milieu du discours Biaiser le torrent des mots qui dévalent Infiltrant les moindres fissures de l’intime Trépaner le cerveau des apparences Asphyxiant les racines du discernement Transmuer sa certitude...
-
A mon ami Yves
photo: Jean-Marc La Frenière C'était un code entre nous, tu signais Ton barbare quand, de ton pays lointain, tu m'écrivais ces longues lettres où tu me partageais tes plus grandes révoltes, tes plus belles utopies . D'un grand ciel ouvert, tu me confiais...
-
Les nécessités
Chaque jour d’usine est un anneau de plus aux chaînes du prisonnier. Est-il nécessaire d’enterrer les Noirs sous la botte des tyrans, que le sang des enfants gicle des mitraillettes, pour transformer l’Afrique en cave à diamants ? Est-il nécessaire pour...
-
Le jardin d'acclimatation
Le jardin d’acclimatation J’explore la vie dans sa lente acclimatation comme une culture en serre d’un jardin botanique où l’hygrométrie contrôle la respiration des fleurs que leurs racines tiennent tant qu’elles peuvent liées au sort de leurs semblables...