Requiem pour 1968
Je croyais en Tes mondes infinis
car je suis chien de mémoire
fidèle comme le remords
Dans un ailleurs
Tu étais là
parfois je Te nommais
Je Te savais parmi nous
je chantais à Tes côtés.
Opus 24
Je me rappelle ces temps
où les Lolitas, pour un baiser
pour un tour de bras
volaient de brefs instants au banal
Un brin d’encens à la main
elles se disaient
égales aux hommes
Les ouvriers rêvaient
Pour un Krishna, pour un Jésus
pour un Dylan, pour un Donovan
les hauts-parleurs jetaient l’amour
Les yeux jetaient du rire
les oiseaux parlaient tendresse
Martin Luther faisait un rêve
Dieu dansait à nos côtés
Sur les pavés du pouvoir
les "bien-pensants" outrés
pactisaient autour des guerres
Du Chili au Vietnam
ils jouaient du crime et du napalm
Je regardais les "hommes de bien"
ils jouaient
à faire courir la mort
De Charonne au Biafra
ils étaient là à vendre leurs couteaux
à vendre leurs canons
Sur la cartographie de la misère
les grands
verrouillaient le monde
essaimaient leurs corruptions
ancraient leurs dictatures
dépossédaient les peuples
capitalisaient les étoiles
ensemençaient le futur de Forgeard goulus
et autres détrousseurs de rêves et de richesses
ils nous préparaient leur monde.
Jean-Michel Sananès