Pour Serge Bouchard

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Pour Serge Bouchard
En soirée
On roule sur la 148.
Ma blonde me dit mets donc la radio
Oh non ça va être encore des émissions de petits comiques
Ou bedon des musiques insupportables commentées par des annonceurs débiles.
Je pitonne
Et puis Wouaw
Sa voix
Oui...
Yes...je l’avais oublié lui...
À chaque fois que se produit cette heureuse surprise je l’avais oubliée.
Sa voix grave
Exceptionnelle
Elle parle cette fois-ci de camionneur
Chaque phrase me mord l’esprit.
Chacune de ses paroles est imprévisible.
Elle ne dit jamais ce que je m’attends qu’elle va dire.
Chacune de ses phrases me fait avancer dans ma compréhension de la vie.
Chacune de ses phrases s’adresse toujours à mon intelligence
Confortablement
Pour la faire travailler bien sûr
Mais surtout pour la faire rêver.
On arrive au chalet
On arrête l’auto
Un peu déçu de ne pas avoir continué d’écouter cette voix radiophonique incomparable .
À chaque fois que j’entre à la maison je ne sais pas comment me reploguer sur la radio.
C’est un deuil.
Un coït interrompu.
Et sa voix d’anthropologue continue à dorloter mon inconscient sans que je m’en aperçoive
Jusqu’à ce que je m’endorme.
Une autre fois
Sur une autre route en pleine forêt
Je suis seul
Je n’aime pas la température qu’il fait dehors.
Il neige démesurément.
Je mets la radio.
Je pitonne.
La même voix.
C’est vrai c’est son heure.
Je l’oublie tout le temps.
C’est sa série à propos des personnages méconnus.
Des remarquables oubliés
Comme un pied de nez à cette culture de la célébrité
Qui m’empoisonne.
C’est une reprise.
Yes je la connais celle-là.
C’est la vie de la première femme médecin du Québec
Madame Irma Levasseur.
Une biographie passionnante berce mes oreilles
Racontée d’une manière brillante
Avec un point de vue toujours aussi éblouissant.
J’arrive à la maison.
Mais cette fois-ci je reste dans l’auto.
Devant la maison
Malgré la neige et le froid
J’écoute jusqu’au bout cette intelligence exceptionnelle
Qui me raconte
Avec humilité
Ce morceau d’humanité.
Oui ce soir je vais me coucher moins niaiseux.
On dirait que cette voix est faite pour moi.
Qu’elle s’adresse à moi.
Qu’elle sait que j’ai besoin de méditer en conduisant ma voiture.
Et non de m’esclaffer avec des petits comiques qui rient pour rien
Sur des insignifiances.
Cette fois-ci ils sont deux
Deux voix
Jean-Philippe Pleau Serge Bouchard.
Elles parlent de la mort et de Vladimir Jankélévitch
« Ce qui est vrai du mystère de la mort... n'est pas moins vrai du mystère de l'amour.. »
Ça tombe bien depuis plusieurs années je fréquente le philosophe
Du Je ne sais quoi et le Presque rien.
On revient d’un magnifique séjour au Lac Champlain
Cette voix grave creusante
D’une culture impressionnante
Mais jamais écrasante
Toujours respectueuse
De son public
Me berce.
J’aime la modestie de ce grand penseur
Nous sommes heureux ma blonde et moi
D’avoir passé un Week End extraordinaire en amoureux
Et pour clore le tout,
Cette voix grave s’impose
Comme un grand calme sur l’agitation des choses.
Cette voix fait partie de cette grande vacance de l’esprit
Que je viens de vivre.
Salut
Serge Bouchard!
À plusieurs occasions, la plupart du temps dans mon auto,
Dans toutes sortes de circonstances
À chaque fois que je vous écoute
La plupart du temps au hasard de mes trajets
Vous me faites du bien.
Vous êtes irremplaçable.
Heureusement il y a vos livres
Et puis vos émissions on pourra les réécouter
À la radio ou en balados.
Le bonheur se reproduira.
Vos paroles ne vieilliront jamais.
Ou plutôt oui elles vieilliront
Comme le bon vin
Et sauront avec les années
Nous éclairer encore plus
Dans nos cheminements.
 

Louis-Dominique Lavigne
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