Genèse

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Genèse
Il y avait la souffrance humaine
Il y avait la Terre
Il y avait les océans
Il y avait les mers
Il y avait la Mer
Unique essentielle ontologique
Il y avait la Mer australe
Il y avait la Mer boréale
Il y avait l’océan équinoxial
Il y avait l’océan atlantique
Il y avait la Baltique
Il y avait les Atlantes
Il y avait la Caspienne
Il y avait la Manche
Il y avait la Mer du Nord
Il y avait les Atlantes
Il y avait les amantes
Il y avait la peine à bord
Il y avait les couleurs de la mer
Il y avait les mers d’émeraude
Et de pourpre
Il y avait les mers bleues
Il y avait les mers ocres
Il y avait les marées
Il y avait les équinoxes
Il y avait les grandes marées
Il y avait les marées basses
Il y avait les marées hurlantes
Il y avait les vagues déferlantes
Il y avait le fracas et la fureur
Il y avait Ouessant
Il y avait les vents
Il y avait la ville d’Ys
Il y avait les fous
Il y avait les Rois
Il y avait Gradlon
Harpeur et musicien
Il y avait les déments
Il y avait les démons
Il y avait les ouragans
Il y avait la peur humaine
Il y avait la Terre
Il y avait les Océans
Il y avait les Mers
Il y avait les beaux oiseaux de la mer
Il y avait les mouettes rieuses
Il y avait les goélands cendrés
Il y avait les sternes
Il y avait les beaux oiseaux de la mer
Il y avait les fous de Bassan
Il y avait les macareux
Il y avait les hirondelles de mer
Il y avait les beaux oiseaux de la mer
Il y avait les oiseaux d’or
Il y avait les cormorans bleus
Il y avait les becs criards
Il y avait les beaux oiseaux de la mer
Il y avait les navires étincelants
Dans le Ciel et dans la Mer
Il y avait les poissons volants
Il y avait la splendeur du matin
Et l’éclat de la lame tranquille
Il y avait la joie humaine
Sur les ponts ruisselant
D’écailles et de lumière
Il y avait le retour des marins au pays
Il y avait la joie des marins
Il y avait les amours des marins
Il y avait le repos des marins
Et il y avait ma peine
Dans mon lit de misère
Il y avait la Terre
Il y avait les Océans
Il y avait les mers
Il y avait la mer bretonne
Et les navires
Il y avait de Cancale à Fréhel
La rapide bisquine
Frémissante sur l’écume et la vague
Il y avait le sinagot
Il y avait le dundee
Il y avait le malamoch
Il y avait les voiliers bretons
Rustiques et courageux
Il y avait les voiliers bretons
De Port-Navalo et de Groix
Il y avait les misaines impatientes
Et les folles misères
Il y avait le sinagot et le dundee
Il y avait les bateaux de Cancale et Concarneau
Il y avait la marée
Il y avait la criée
Il y avait la nausée
Il y avait les épaves
Dans la bruine des baies
Il y avait les navires brisés
Il y avait les bordées rongées
Il y avait les gouvernails pourris
Il y avait les coursiers vaincus
Il y avait les rats
Il y avait les crabes
Il y avait les coques renversées
Il y avait les temps perdus
Il y avait les bossoirs cassés
Il y avait la vase et la boue
Il y avait la décomposition
Et la dissolution
Il y avait les chaumières vendues
Il y avait les épaves
Et les pêcheurs alcooliques
Il y avait les rats
Il y avait les crabes
Il y avait les nécropoles des bateaux
Il y avait les cimetières marins
Il y avait l’Armorique
Il y avait la mer
Et la douleur humaine
Il y avait la Terre
Il y avait les Mers
Il y avait les Océans
Il y avait les navires
Il y avait les gréements
Il y avait les trois-mâts
Hauts comme des villes
Il y avait les cotres
Il y avait les bricks
Il y avait les goélettes
Les frêles et jolies demoiselles
Il y avait les frégates
Il y avait les corvettes
Il y avait les cargos
Il y avait les ferry-boats
Il y avait ceux de bois
Il y avait ceux de fer
Il y avait les sampans
Il y avait les felouques
Il y avait la Mer de Chine
Il y avait l’Océan Indien
Il y avait les mers
Il y avait les océans
Il y avait les navires
Il y avait les gréements
Il y avait la voile latine
Il y avait la voile bermudienne
Il y avait la voile aurique
Il y avait le frémissement de la toile
Il y avait le vent dans les voiles
Il y avait le bruissement des misaines
Il y avait les risées rieuses
Il y avait la voile bermudienne
Il y avait la voile aurique
Il y avait l’ingéniosité humaine
Il y avait les escadres et les flottilles
Il y avait la beauté des navires
Il y avait les focs
Il y avait la grand’voile
Il y avait les varangues
Il y avait l’étambot
Il y avait Ulysse
Il y avait l’invention du monde
Il y avait les huniers
Il y avait les brigantines
Il y avait la découverte du monde
Il y avait les golfes et les îles
Il y avait les rêves
Il y avait les archipels
Il y avait la réinvention du monde
Il y avait les étoiles
Il y avait les navires féériques
Il y avait les voiles
Il y avait les voiles éoliennes
Il y avait les voiles anciennes
Il y avait les voiles langagières
Il y avait les voiles messagères
Il y avait la prairie de la pleine mer
Il y avait les voiles bergères
Il y avait la beauté
Il y avait la beauté du grand large
Il y avait la splendeur
Il y avait la splendeur des gréements
Il y avait les fleurs sur la houle
Il y avait les fleurs du vent
Il y avait les toiles de toutes couleurs
Il y avait le lin et le coton
Il y avait les toiles africaines
Il y avait les toiles américaines
Il y avait les toiles armoricaines
Il y avait cette beauté textile
Couronnant le point d’amure
Il y avait cette parure
Il y avait cette bigarrure
De la grosse mer et de la houle
Il y avait les mâts
Il y avait les vents
Il y avait le mouvement
Il y avait les tempêtes et ouragans
Il y avait les naufrages
Il y avait les carnages
Il y avait le courage de la race humaine
Il y avait ma terrienne peine
...
Xavier Grall, Genèse, extrait, 1982
 
 
 
 
Il y avait les flots de glace
Il y avait les glaciers errants
Il y avait les icebergs
Il y avait les banquises
Il y avait cette incroyable pureté
Aux deux pôles de la Terre
Il y avait cette incroyable pureté
Il y avait cette éclatante lumière
Il y avait cette divine pureté
Il y avait les banquises illimitées
Il y avait les glaciers
Il y avait les neiges et les tempêtes
Il y avait les navigateurs morts de froid
Il y avait les igloos
Il y avait les lampes
Il y avait la joie
Dans les igloos
Il y avait les phoques
Il y avait le cri des phoques
Il y avait la faune glaciale
Il y avait le blizzard
Il y avait les rives glaciales
Il y avait l’éternelle douleur humaine
Il y avait l’infinie terre blanche
Il y avait la création indubitable
Il y avait le territoire bleu et terraqué
Il y avait la mer boréale
Il y avait les lacs lucides
Il y avait les glaciers translucides
Il y avait les mains gelées
Il y avait les voiliers brisées
Il y avait la souffrance humaine
Il y avait la terre
Il y avait les océans
Il y avait les mers
Il y avait les mers chaudes
Il y avait les mers gracieuses
Et pourrissantes
Il y avait les mers calmes
Il y avait les mer en dormition
Il y avait les détroits graciles
Il y avait la jolie brise
Il y avait les bons dauphins
Il y avait la danse et l’opéra
Des dauphins
Il y avait les baleines
Il y avait les baleines aux tendresses énormes
Il y avait la bonté des bêtes
Près des navires meurtriers
Il y avait les marins
Il y avait les rêves des marins
Il y avait Boscos et Capitaines
Il y avait les équipages
De Bretagne et de Norvège
Il y avait les mers
Il y avait les mers chaudes et flibustières
Il y avait les mers tropicales
Il y avait les mers du thon
Il y avait les bancs d’albacores et de germons
Il y avait les équipages d’Oslo
Et de Concarneau
Il y avait la traque du thon
Dans les eaux africaine
Il y avait les toiles américaines
Il y avait les toiles armoricaines
Il y avait cette beauté textile
Couronnant le point d’amure
Il y avait cette parure
Il y avait cette bigarrure
De la grosse mer et de la houle
Il y avait les mâts
Il y avait les vents
Il y avait le mouvement
Il y avait les tempêtes et ouragans
Il y avait les naufrages
Il y avait les carnages
Il y avait le courage de la race humaine
Il y avait ma terrienne peine
Il y avait la Terre
Il y avait les Océans
Il y avait les Mers
Il y avait les beaux oiseaux de la mer
Il y avait les mouettes rieuses
Il y avait les goélands cendrés
Il y avait les sternes
Il y avait les beaux oiseaux de la mer
Il y avait les fous de Bassan
Il y avait les macareux
Il y avait les hirondelles de mer
Il y avait les beaux oiseaux de la mer
Il y avait les oiseaux d’or
Il y avait les cormorans bleus
Il y avait les becs criards
Il y avait les beaux oiseaux de la merIl y avait les navires étincelants
Dans le Ciel et dans la Mer
Il y avait les poissons volants
Il y avait la splendeur du matin
Et l’éclat de la lame tranquille
Il y avait la joie humaine
Sur les ponts ruisselant
D’écailles et de lumière
Il y avait le retour des marins au pays
Il y avait la joie des marins
Il y avait les amours des marins
Il y avait le repos des marins
Et il y avait ma peine
Dans mon lit de misère
...
Xavier Grall, Genèse, extrait, 1982
 
 
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