Vivre

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Vivre

Je suis un barde fou qui naufrage des univers de papier
un archéologue de la douleur, un traqueur de rêves
un explorateur d’imagination, un plaisancier de l’inconscient
un topographe de la raison.

Je suis l’enfant qui désapprend le mot
pour en extraire les frissons du sens et des pleurs de syntaxe
le vieillard qui lentement efface les bruissements de son cœur
un homme loup qui hurle à la mort des cœurs
le voyageur qui sort de sa vie pour aller aux ailleurs essentiels.

Je suis un marcheur de cieux, un pisteur de rumeurs aseptisées
une fourmi pensante dans l’ailleurs des sans ciel
une diagonale d’infini et d’étoile
où clapote le silence tapageur des hommes.

Je suis un Bateau Ivre au naufrage des mots blancs
une nuit d’encre rouge, une encre au cri noir
un capitaine crucifié dans la tempête millénaire des vagues à l’âme
un homme tumulte, un hurleur de clair de lune
un arpenteur de déraison.

Je suis la rime désancrée qui cherche un port d’attache
un rêve perdu dans le chahut égotique des verbiages inutiles.
Je suis la maison abandonnée
le vieux présage d’un homme d’hier
d’un futur qui brûlera ses calepins, ses mots et sa mémoire.
Sur la route de l’oubli
je suis l’homme désancré qui s’efface en bruissements inaudibles.

Je suis le mot vain en terre d’amnésie
le verbe qui se noie comme je me saoule
l’homme sans voix dans un monde de comptables
la conscience égarée en chemin de voyage intérieur.

Je suis le psaume muet dans un ciel de non-dits
un mot de silence qui vit comme on meurt
l’enfant qui sait : l’esprit qui dort fait escale en après vie.

Je suis l’homme qui veut mourir éveillé.

Le quotidien est un crime de poète.

 

Jean-Michel Sananès

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