Un poète oublié

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Un poète oublié

Revenu au pays pour un court séjour, André Béland, qui vit depuis plus d’un an à Paris, doit y retourner d’ici quelques jours pour y passer plusieurs années. C’est d’ailleurs à Paris que l’auteur de ORAGES [sic] SUR MON CORPS publiera prochainement un nouveau roman intitulé ÉDOUARD EST IVRE et un recueil de poèmes sous le titre BOUCHES TOURNANTES. Deux poèmes de ce recueil paraîtront avec deux poèmes de dix jeunes poètes canadiens, dont Éloi de Grandmont et Gilles Hénault, dans un volume hors-commerce que prépare actuellement l’ambassade canadienne à Paris.

M. Béland a trouvé chez les écrivains et artistes français des appuis qu’il n’avait jamais espérés. Jean Cocteau et Marcel Jouhandeau, entre autres, l’ont énormément aidé de leurs conseils. Cocteau de plus l’a présenté aux éditeurs. C'est ainsi que M. Béland détient déjà un contrat avec Gallimard pour son roman, qu’il avait commencé à Paris et qu’il a terminé ici pendant son séjour.

La sympathie et l'encouragement qu'il reçoit d'aussi célèbres écrivains est pour lui un stimulant inappréciable. Il leur en rend hommage, en même temps qu'il déplore que les hommes de lettres canadiens négligent pour la plupart de s'intéresser aux jeunes, quand ils ne les dédaignent pas tout simplement.

Il a de plus constaté combien les Français sont curieux du Canada français, qu’ils ne connaissent pas mais qui les surprend. C’est en effet une surprise pour eux de rencontrer des Canadiens qui savent parler de littérature ou de peinture, qui sont au courant de la vie artistique en France.

 

C’est ce qui explique le certain succès des Canadiens à Paris. Mais M. Béland précise que ce succès n’est pas celui que semblent vouloir faire croire aux Canadiens les agences de presse. «C’est un succès limité», dit-il. Car même si les Français sont intéressés par les Canadiens, il ne faut pas s’imaginer qu’ils en sont à se pâmer d’admiration devant eux. Loin de là. «Ces maîtres sympathiques, mais éminemment supérieurs, se font un plaisir et un devoir d’aider les jeunes, si ces derniers ont recours à leur savoir et à leur culture».

Voilà ce que ne feraient pas la plupart des étudiants canadiens actuellement à Paris. La majorité d’entre eux se tiendraient ensemble dans les alentours de la maison canadienne et passeraient plus de leur temps à se rappeler des souvenirs canadiens qu’à visiter Paris et les Français. M. Béland ne croit pas que cette façon de séjourner là-bas soit la bonne. Quant à lui, il voit très peu les Canadiens de Paris, consacrant toutes ses heures à vivre au milieu des Français.

Jean Luce

La Presse   13 septembre 1947

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