Entre l'oeillet et l'épée
[…]
Se réveilla un matin.
Je suis l’herbe
pleine d’eau.
Je m’appelle herbe. Si je pousse,
je puis m’appeler cheveu.
Je m’appelle herbe. Si je saute,
je puis être rumeur d’arbre.
Si je crie, je puis être oiseau.
Si je vole…
(Il y eut des tremblements d’herbe
cette nuit-là dans le ciel.)
[…]
-RAFAEL ALBERTI
(traduit de l’espagnol par Guy Lévis Mano)
(Extrait de Rafael Alberti Poèmes, GLM, 1952)