Trop peu de dire

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Trop peu de dire

Trop peu de dire que les gardes-barrières
laissent filer l’éternité
qui berce notre planète orange

Trop peu de dire qu’il est des villes
qui s’en vont comme des oiseaux
pour ne plus revenir

Trop peu de dire qu’il n’y a plus de forêts en
marche
dans le jour rouge sang

Sur des dépôts d’ordures
des milliers d’enfants meurent l’hiver
en offrant leur printemps

Trop peu de dire que dans les fleurs mortes
de nos regards de passagers s’absentent
ces beautés qui déshabillent l’aube
les oiseaux qui, dans leurs plumes
ébouriffent les rayons de soleil

Dans le jour rouge sang
l’accordéoniste joue des hymnes à l’amour
mais sur les passages cloutés
aucun ange ne passe

Rengaines, allers-retours, coup de gong
de sang, de bile
dans le jour rouge sang
la grosse caisse bat la peur, le vide, l’impatience

Trop de dire que bientôt on ne saura
plus rien du naufrage

 

Paul Mari

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