Je dis rose

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Je dis rose

Je dis rose, mais ce pourrait être vent, sable, boue, bœuf­carottes, violoncelle, bruit de porte ou claquement de semelles de bois sur un carrelage ... le déclic est le même. C'est pour cette raison qu'il n'y a pas de différence profonde entre la vue de la glycine en fleurs et celle d'un bus calciné par un attentat, entre une décapitation et marcher dans du gravier blanc ... Cela peut sembler étrange, mais le processus d'écriture me paraît strictement le même, sinon le fait qu'il naisse d'émotions contraires: plaisir ou horreur. Il n'y a donc pas de sensations qui seraient poétiquement dignes, et d'autres non. Chaque poète a sa mémoire propre, avec des secteurs propices à la parole, et d'autres moins. Ce ne sont pas seulement des interdits moraux qui bloquent l'articulation entre sensation, émotion et parole ; des partis pris esthétiques, politiques ou simplement l'histoire personnelle peuvent également freiner et réduire le spectre du poétiquement possible pour chacun.

Antoine Emaz

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