Le Mont St-Hilaire et les Abénakis

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Le Mont St-Hilaire et les Abénakis

La nation abénakise aura maintenant accès de plein droit à l’un de ses territoires ancestraux situé au mont Saint-Hilaire, la réserve naturelle Gault, gérée par l’Université McGill. L’institution montréalaise s’est entendue avec les membres de la Première Nation pour mettre en œuvre un « partenariat » dans lequel elle reconnaît la valeur culturelle et historique des lieux pour les communautés d’Odanak et de Wôlinak.

Le mont Saint-Hilaire est l’endroit où les Abénakis avaient l’habitude d’aller prier le 21 juin, a déclaré en entrevue Jacques T. Watso, membre du conseil des Abénakis d’Odanak.

On s’y est rassemblé durant des siècles, jusque dans les années cinquante, période à laquelle l’Université McGill a acquis des parcelles de terrain à des fins de recherche et de préservation naturelle.

Une citation de :Jacques T. Watso, membre du conseil des Abénakis d’Odanak

Située au mont Saint-Hilaire, au cœur du territoire Ndakinna de la Nation Waban-Aki, la réserve naturelle Gault protège aujourd’hui plus de 1000 hectares de végétation naturelle.

En langue algonquienne, l’endroit, qui représente l’un des derniers grands vestiges des forêts anciennes de la vallée du Saint-Laurent, est connu sous le vocable Wigwômadenizibo, qui signifie la petite montagne en forme de maison.

Autochtoniser les territoires ancestraux

Depuis le 1er janvier 2021, les membres des communautés abénakises d’Odanak et de Wôlinak n’ont donc plus à payer un droit d’entrée à la réserve du mont Saint-Hilaire, également connue pour ses sentiers de randonnée très prisés des Québécois.

Il va bientôt y avoir sur place une nouvelle signalisation et des affiches pour indiquer la présence historique des Abénakis, a dit le conseiller, ajoutant que plusieurs familles s’y rendent déjà pour des activités cérémoniales.

M. Watso rappelle que l’entente ratifiée entre l’Université McGill et le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki (W8banaki) est le fruit d’une politique de réconciliation avec les peuples autochtones qui passe, entre autres, par la reconnaissance des territoires des Premières Nations. On n’a plus besoin de se cacher ou de demander la permission pour venir sur la terre de nos ancêtres, a lancé M. Watso.

Avec ce partenariat, la nation abénakise compte se réapproprier une partie de son territoire dans le respect de sa culture. L’Université McGill indique d’ailleurs que le site revêt une grande importance culturelle pour la Première Nation, qui l'a longtemps utilisé comme lieu de rencontre et d’échange. C’est dans cet esprit de concorde que l'entente s’est construite, a précisé le conseiller.

Notre objectif n’est pas de déloger les habitants de Saint-Hilaire. On est conscient qu’il y a une présence canadienne-française de plus de 400 ans. On veut plutôt développer une bonne cohabitation.

Une citation de :Jacques T. Watso, membre du conseil des Abénakis d’Odanak

M. Watso espère que la riche biodiversité du mont Saint-Hilaire permettra à sa communauté d’approfondir ses connaissances et de les partager avec l’Université McGill au moyen de programmes ponctuels dont les détails restent encore à définir. On est en train de fignoler la mise en œuvre de l’entente, a-t-il rétorqué.

Diverses initiatives

Rappelons qu’un accord similaire a été signé en 2020 entre la Première Nation et le parc régional du Mont-Ham, aux confins de l’Estrie. Cet ancien territoire de chasse est devenu un haut lieu touristique de l’héritage autochtone au Québec représenté par l’installation au sommet de la montagne de la statue d'Awdowinno, le célèbre guerrier abénakis.

Depuis une dizaine d’années, le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki s’efforce de faire reconnaitre la présence des Abénakis sur ses terres ancestrales non cédées. Les communautés d’Odanak et de Wôlinak ne pensent pas seulement en termes de réserve, mais aussi en termes de nation, ce qui inclut par conséquent l’ensemble de notre territoire traditionnel, a expliqué le conseiller.

À ce titre, la Nation travaille présentement à plusieurs autres dossiers de reconnaissance territoriale, aussi bien à Sherbrooke, avec le projet des Grandes-Fourches, que le long des berges du lac Memphrémagog.

C'est là que des fouilles archéologiques récentes ont permis de découvrir des artéfacts autochtones vieux de plusieurs millénaires. Pour développer notre communauté, il faut aussi développer notre espace physique, a conclu M. Watso.

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