Poème du Free

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Poème du Free
Ornette ne joue pas aux sornettes avec les fanfares militaires,
il zézeille avec les oiseaux de passage
là où sa trame en chorus bousille les standards
les mots récités suivent la cadence de Jack
les soubresauts de l'amour suprême profitent des choses favorites quand Mckoy se laisse aller à des phrasés compliqués
Mesure et pause, contre-temps et enchaînement
la nuit se prolonge et les sirènes de police retentissent
dans la rue des lanternes rouges dans Brooklyn et à Harlem
dans les matins brumeux d'héroïne et de défonce alcoolique,
les camarades du Docteur Sax, bras-dessus, bras-dessous,
en titubant, rejoignent l'Hôtel Miteux dans le Loisada,
demain, il y aura une grande jam au Coton Club
L'orchestre de recherche inter-galactique brille de tous les feux de la rampe, quand les sonorités des anciens temps se mélangent aux instruments acoustiques et à l'électronicité des computers,
les explosions solaires rivalisent avec le bigband de Mingus en position érotiquement non conventionnel, le saint noir et la religieuse aphrodite joue sur la courbe des voluptés de l'orgasme.
Miles faisait de même avec les jeunes loups de Bitches Brew
en laissant Zawinul partir sa danse des pharaons dans toutes les directions, Davis avait le sens de la découverte, son rapport de température, c'est un don de la nature qui prévoit les courants et les devancent, il va pleuvoir ce soir dans l'Amérique des improvisateurs, une tempête de note bleue par de-là les fjords de Scandinavie.
Ils ont franchi les cols abruptes des montagnes et ils ont survécu aux ghettos de Louisiane et de Chicago en remontant le Mississippi, le haricot des Cajuns est devenu le New-0rléans style, après, le blues s'est complexifié au contact du roots et de la musique africaine, avec Amstrong Sachmo, il devient jazz et rag-time, et poursuit sa route du nord jusqu'à New-York où la rage de vivre de sa musique devient le leitmotiv de toute une génération qui défriche la modernité, et s'invente l'éventail du jazz vivant, le swing, le bop, le be-bop, le jazz fusion, le jazz rock et les innommables méandres des formules de musique actuelle et de création.
Quand le politique se mêle de musique, cela devient du free-jazz allié au Black Panther et en accord avec les manifestations contre le racisme systémique de l'Amérique rétrograde. Les musiciens ont poussé au plus loin la technique et la virtuosité, dans une complexité en état de marche et de découverte continuelle, dans un véritable Work-Shop Orchestra qui va exploser en mille possibilités, Billy Holliday, Elsa, Bessie, et les déchéances de Chet, de Charlie Parker et d'autres morts au chant d'honneur du club de jazz.
Montréal et son désordre universel nous ont déposé un petit panier d'osier avec dedans des semences jazzistiques, Oscar Peterson et Oliver Jones, Paul Bley et nos petits nègres blancs d'Amérique de l'Ensemble de Musique Improvisée de Montréal (EMIM), émule de Mingus, Guilbault-Derome-Tanguay, St-Jak et ses multiples projets, les Yannick Rieux et Robert Leriche et tant d'autres qui ont fait vibrer la métropole du Québec ce passage rétréci avec le plus grand angle possible...
Là-dessus on se remet à booker nos petits démons dans la musique, entendez-vous la quinte diminuée, le "Diabolus in Musica"...
J'ampère mon latin électrique...
 
AA Painchaud vers le soleil levant
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