Les derniers vaisseaux

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Les derniers vaisseaux
Je vois des gens monter sur ces vaisseaux
sans destination, juste parce qu’ils ont le billet
et qu’ils sont dans la file et que le dernier
passe premier
le dernier
passe premier
Interchangeables, inter-déconnectés
je me faufile aussi parfois en me demandant
ce que je fous là, je sens l’océan qui se retire
et le souffle vague de la marée, des poissons morts
des crabes, des concombres de mer
je fais demi-tour
Les orteils dans le sable, je secoue mes doigts
je pense à eux, je prie sans dieu
je prie la race, je suis comme eux
les mêmes atomes les mêmes paquets effondrés
rien de magique, si ce n’est d’organiser l’errance
la décohérence
Toujours, les vaisseaux s’en vont, jamais ne reviennent
mais où est Saint-Nazaire où sont les ouvriers
je sais juste que je refuse toujours de monter
au dernier moment quand le dernier doit passer
premier alors je fous le camp car des voix
bizarres courent après moi
Je sais que derrière l’horizon il n’y a jamais rien
c’est comme l’arc-en-ciel, propre à chacun
sans cesse repoussé avec la flèche de Zénon d’Élée
pourtant dix mille soleils là-bas sont éteints
mais
il en suffit
d’un…
 
fragment de « En avance sur la fin », recueil de poésie banale
 
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