La Frégate

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La Frégate

A vous, frères d'Afrique,
un sang si rouge sous la peau,

A vous, frères indiens,
un cœur de lune sous la peau

Vos mères
déjà
ont tant pleuré

Vous avez eu une Terre
où vos sangs
ont cessé d'être bienvenus

Vos mères
déjà
ont tant pleuré

Pourtant,
ce devrait être un bonheur
que d'être Homme

A tous je veux dire :
Craignez le mésamour,
craignez l'intolérance,
comme en son temps
il fallait craindre le vent

A toi frère Indien,

un cœur de lune sous la peau,

à toi, frère d'Afrique,
un sang si rouge sous la peau,
je dis :

Crains le vent,
frère Indien,
car, déjà,
la frégate glisse sur les flots,
le malheur est en soute

Frère,
qui enfante
à l'amour et aux douleurs
des enfants pareils aux miens,
crains le vent,
la nuit porte la mort

Déjà
la frégate glisse sur les flots,
portant malheur en soute

Cortez est chevalier de mort
Ses navires écorchent le vent

Le vent nous a trahis
La nuit porte la mort

Pleure,
sœur Indienne

Déjà,
ils approchent,
une croix de sang dans leurs bagages,
la mort et nos larmes dans leur sillage

Ils ouvriront si profond la terre
qu'il y enterreront vos hommes

Pleure,
sœur Indienne
Ils ouvriront si profond la terre
qu'il y enterreront
tes enfants,
ton peuple

Tes larmes jamais
ne combleront pareille douleur

Nos larmes jamais
ne couvriront pareil malheur

Crains le vent,
frère d'Afrique

Déjà,
la frégate glisse sur les flots
portant malheur en soute

Frère homme,
qui engendre
à l'amour et aux douleurs
des enfants pareils aux miens,
crains le vent

La nuit porte la mort

Déjà
les galions déchirent les flots,
Une croix de sang en fond de cale

Le vent nous a trahis
la nuit porte la mort

Pleure,
ma sœur d'Afrique

Déjà,
ils déchirent ton futur,
une croix de sang dans leurs bagages
la mort et nos larmes dans leur sillage

Ils ouvriront si profond la mer
que vos hommes
vos enfants
votre peuple
ne reverront jamais le rivage

Vos larmes jamais
ne combleront pareille douleur
Nos larmes jamais
ne combleront pareil malheur

Pleure sœur d'Afrique,
les fils d'intolérance arrivent,
les soutes emplies de mort

Déjà là-bas,
d'où ils viennent,
pleurent les fils de l'étoile,
pleurent les fils du croissant,
pleure l'Indien des Amériques

La mort était dans leurs bagages,
notre sang dans leur sillage

Aucune larme
jamais
ne comblera
pareil malheur

Aucune larme
jamais
ne comblera
pareille douleur

Jean-Michel Sananès

 

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